Selon la Tradition transmise par ce qui deviendra beaucoup plus tard la Chine (le mot «Chine» vient seulement de la dynastie Qin – 221), il y a “le Ciel Antérieur” (Xian Tian) et “le Ciel Postérieur” (Hou Tian). Que devons-nous entendre par ces expressions ? Selon toute logique, le “Ciel Antérieur” est ce qui préexiste au “Ciel Postérieur” de notre existence… C’est difficile à comprendre, mais le «Ciel Antérieur» est ce qui n’a pas d’existence eu égard à notre regard limité au seul “Ciel Postérieur”, celui où se déroule notre existence. C’est pourquoi certains assimilent le “Ciel Antérieur” à Dieu. Quant à nous, nous en lierons la compréhension tout simplement à la «Vie», considérée en l’occurrence comme le Principe qui organise et propulse la manifestation du “Ciel Postérieur”. Nous n’entrerons pas davantage dans ces discussions casuistiques, sauf à savoir que la vie en tant que principe ne nous est perceptible que par sa manifestation et il ne faut pas confondre la manifestation vitale avec la vie, comme on ne peut confondre la musique que l’on entend avec l’intention du musicien. L’une ne fait que témoigner de l’existence de l’autre. C’est par la compréhension de ce qui précède que nous pouvons affirmer que la santé autant que la maladie ne sont que des efforts de la vie pour se maintenir et se développer conformément à son plan initial de perpétuation tous azimuts. Ainsi donc, quand on est malade, cela signifie que la vie en nous mobilise le Qi pour maintenir au mieux notre potentiel vital. La maladie de ce fait est la voie choisie par la vie. La maladie est remédiante, elle n’est pas à combattre en tant que telle, sinon cela signifierait qu’il faudrait combattre la vie. Et lorsque la Tradition parle de la cause unique des maladies, «l’ignorance de notre propre nature», c’est à ce qui précède qu’elle se réfère. Par contre, ce qu’il faut déterminer, ce sont les circonstances du déséquilibre à l’origine de cet effort de la vie appelé maladie. Ces circonstances sont d’ordre divers : alimentation défectueuse en quantité et qualité, vie déréglée, respiration et mouvements carentiels etc. Ces circonstances perturbent le bon fonctionnement du Qi animé par la vie. Cela produit un affaiblissement du Qi, qui n’est plus à même de maintenir une bonne homéostasie, et qui pour parer au plus pressé, laisse l’encrassement du Tan Yin s’installer. La présence du Tan Yin n’est pas supportable au bon équilibre du Qi. Lorsque ce dernier est suffisamment correct et puissant, il élimine le Tan Yin. Cela s’apparente aux maladies aiguës. Selon le foyer d’élimination (foyer supérieur et peau, foyer moyen ou foyer inférieur) l’effort de santé sera étiqueté d’un nom de maladie en «ite». L’erreur serait de vouloir contrarier l’effort remédiant du Qi, en particulier par les poisons de la pharmacopée, ce que dénonçait déjà en son temps l’Empereur Hoang Di. Informer les points cutanés, à l’aide d’aiguilles, de moxas ou simplement d’un doigt, laisse par contre au Qi une possibilité d’utilisation des stimulations proposées, sans risque d’entraver le processus d’auto-restauration. Les maladies dites chroniques voire dégénératives signifient simplement que le Qi est affaibli ou épuisé, et n’a plus d’autres capacités que de s’adapter au mieux du pire. Mais nous devons insister sur ce point fondamental : l’auto-restauration sera toujours limitée par le maintient des habitudes néfastes. Ne pas corriger ce qui est à l’origine de l’affaiblissement du Qi et de l’encrassement par le Tan Yin, est de l’anti-médecine. C’est malheureusement ce qui est négligé par beaucoup de praticiens et de thérapeutiques «miracles».