Dès 1929, avec une première publication, il y eut Soulié de Morant (né à Paris en 1878), sinologue non universitaire et ancien consul de France en Chine, diplômé de médecine chinoise (le gouverneur du Yunnan lui accorda son diplôme de médecin, et avant de rentrer en France, en 1928, il occupa encore la fonction de Juge au tribunal mixte (franco-chinois) de Shanghai avec également le titre d’expert médical auprès de ce tribunal).
Soulié de Morant fut aussi un écrivain dont l’œuvre nous éclaire sur la Chine. De mère étasunienne, il était bilingue et il publia aussi en anglais.
Comme il n’était pas médecin conventionnel, on le cite souvent maintenant comme simple maillon d’une chaine issue du contact avec les jésuites au 17ème siècle et passant au 19ème par divers médecins ou autre diplomate…
Car stricto sensu il est exact que Soulié de Morant ne fut pas le premier à introduire l’acupuncture en France … mais il fut le premier à former des médecins et à avoir des élèves.
Ses quelques prédécesseurs n’étaient pas toujours de grands spécialistes. On cite toujours le docteur Berlioz (1810) par exemple : parce qu’il était le père du musicien. On cite aussi le docteur Jules Cloquet et surtout le consul Dabry de Thiersant, qui publia en 1863 un livre descriptif, mais non explicatif sur la pratique de la médecine en Chine. A la lecture de cet ouvrage, on constate dèjà la dérive symptomatique de la pratique en Chine à cette époque.
Ajoutons aussi le docteur Trousseau (dont un boulevard et un hôpital portent le nom à Paris) qui publia un traité de thérapeutique en 1858 dont un paragraphe est consacré à l’acupuncture.
Mais nul ne peut le contester, c’est George Soulié de morant qui donna son rayonnement à l’acupuncture. Il écrivit de nombreux articles explicatifs dans les revues : le pouls chinois, l’énergie vitale et sa circulation etc
Il est décédé à Paris en 1955. Le personnage est incontournable si l’on se réfère à l’acupuncture traditionnelle.
En réalité la véritable prise en compte en France (et pour une grande part en Occident) de la pratique de l’acupuncture, est bien due à Soulié de Morant et aux quelques médecins qui l’ont sollicité, les docteurs Ferreyrolles, Marcel et Thérèse Martiny, et ceux qui l’ont soutenu comme le professeur Mériel. Soulié de Morant commença à former ses premiers disciples : Lavergne, Sauvageot, Bonnet-Lemaire qui formeront à leur tour des disciples.
Il fut salué aussi par ceux qui suivirent. Ainsi le docteur Niboyet, bien qu’ayant lui aussi reçu un enseignement direct de Chine, a toujours considéré Soulié de Morant comme le principal initiateur du courant de la tradition médicale chinoise en France. D’ailleurs Soulié de Morant préfaça l’excellent ouvrage de Niboyet paru en 1951 « essai sur l’acupuncture chinoise pratique ».
George Soulié de morant écrivit en tout une soixantaine d’articles, enseigna et publia. Il finit par susciter des réactions d’hostilité.
C’est ainsi que le Dr Roger de la Fuÿe le fit poursuivre pour exercice illégal de la médecine, prétendant même être le premier médecin à introduire l’acupuncture en France. Le ridicule déjà ne tuait pas : la première publication de de la Fuÿe date de 1936 et traitait d’électropuncture… De par le syncrétisme qu’il établit avec l’homéopathie, ses recherches et son attitude de refus de tous les noms chinois désignant les points, le docteur de la Fuÿe ne pouvait qu’initier un courant s’écartant de la tradition.