Sommes-nous de simples véhicules ?
– le corps avec sa complexité,
– les sentiments avec leur diversité
– et le mental avec ses mystères.

Ce véhicule, cet ensemble, est une évidence.
Ce qui l’est moins, c’est qu’il est au service de «  celui  » qui utilise le véhicule, le passager, que certains appellent  l’âme, l’esprit, Shen, le double, le vrai soi, le grand moi…  Bref, les appellations sont forcément nombreuses et souvent approximatives puisque par la naissance (nous pouvons dire l’incarnation), le véhicule se trouve « coupé » du passager et de son plan de route.

Comment savons-nous cela ? Parce que c’est un enseignement de la Tradition, que nous le ressentons de manière intuitive, et aussi parce que s’il n’y avait pas cette liaison, non seulement l’existence perdrait tout sens, mais parce que cela signifierait la fin …

Cette liaison entre  le passager et le véhicule, c’est la pensée perceptive.

Car, selon l’enseignement de la Tradition, il y existe deux sortes de pensées :

D’abord la pensée spéculative. Elle relève de notre mental. Nous la connaissons bien et souvent on la considère comme seule existante. Et nous en sommes fier … Car elle produit, crée, calcule, invente … Et parfois lorsque certains prétendent méditer ils ne sont que dans une phase calme et dirigée de cette pensée spéculative, (autrement dit ils ne méditent nullement. Mais tant pis pour les illusions, la mode et l’usage abusif des mots).
C’est cette pensée spéculative qui se prend en général pour le passager, et qui affirme : «  moi, je ! »

L’autre pensée, c’est la pensée perceptive. Elle ne s’exprime que lorsque le mental est déconnecté, par exemple pendant certaines phases du sommeil, pendant la vraie méditation, dans l’instant intuitif, les ouvertures temporelles, les phases alpha « inconscientes »… En fait elle s’exprime quand on ne pense pas avec la pensée spéculative. Mais comme le mental est déconnecté, il n’y a justement pas de mot pour exprimer ce qu’est la pensée perceptive. C’est seulement un ressenti. Et dès que l’on veut en parler, on bavarde, on fait du roman , de l’ésotérisme… voire de la religion, car c’est la pensée spéculative qui à ce moment en parle, et c’est elle qui crée les systèmes.

C’est par la pensée perceptive et non par la pensée spéculative que nous recevons au plus profond de notre inconscient (qui lui, relève du mental) les directions à prendre pour harmoniser notre vie au service du passager. Car là est le seul but de notre vie.
Bref, la pensée perceptive émane du passager.

Alors le « Moi » du véhicule, qui relève de la pensée spéculative, doit accepter un rôle d’ailleurs inscrit dans son programme : celui d’harmoniser l’ensemble du véhicule, pour que la relation devienne plus riche, plus dense, plus intime, avec le passager.

Comment aboutir à cela ?

Selon les antiques traditions initiatiques de par le monde, il faut que chacun allie pour lui-même «  une pensée juste , un respir juste, un aliment juste ».

Et en effet les trois sources de pollution intimes sont

–       dans la pensée égocentrée (coupée de la source du passager)

–       dans certaines vibrations véhiculées par l’air

–       dans les aliments dénaturés et non spécifiques à l’humain

Cet alliage composé de la pensée juste, du respir juste, et de l’aliment juste, n’est pas évident  … Certains y mettent leur vie entière.

Pourtant cet apprentissage est à la portée de toute bonne volonté consciente, et dans ce cas nous avons l’opportunité de pouvoir l’exercer en de multiples circonstances. Pas besoin de s’isoler tel le moine d’hier à la recherche de la perfection.
C’est ainsi qu’au quotidien, chacun peut prendre quelques instants pour respirer calmement et profondément, pour choisir de se nourrir avec intelligence, et agir dans sa propre sphère d’influence, le tout sous le contrôle de la bienveillance de la pensée.

Reste ensuite chaque soir à s’endormir dans la paix du coeur, et recueillir pendant les phases profondes du sommeil, les bienfaits de la pensée perceptive issue du passager.

C’est alors que l’on peut vraiment parler du Grand Retour de la Tradition.